RE-TOURS: Jacob Wren

Jacob Wren crée et compose des performances excentriques. En tant que codirecteur artistique du groupe interdisciplinaire montréalais PME-ART, il a cocréé : En français comme en anglais, it’s easy to criticize, Unrehearsed Beauty / Le génie des autres, La famille se crée en copulant, et la série récurrente HOSPITALITÉ / HOSPITALITY. Ses voyages à l’étranger sont d’une fréquence alarmante, et il écrit fréquemment à propos de l’art contemporain. www.pme-art.ca et www.radicalcut.blogspot.com

EXPÉRIENCES DE TOURNÉES (EN BREF)

  • Je voyage quatre à sept mois par année. Ces déplacements sont souvent exténuants.
  • Avec PME-ART, Sylvie Lachance (ma codirectrice artistique) et moi travaillions sept jours sur sept pour organiser des projets et des tournées. Je travaille également avec des organismes européens sur des projets précis tels que Sophiensaele à Berlin et CAMPO à Gand en Belgique. Comme CAMPO est une sorte de « machine à tournées », je me déplace fréquemment lorsque je travaille avec eux. J’œuvre également sur deux projets avec Nadia Ross et sa compagnie, Sto Union, qui effectuent également plusieurs tournées. Sto Union travaille avec l’agent Meno Plukker. Voir ci-après pour connaître les événements déterminants qui ont contribué à la reconnaissance élargie de mes œuvres.

PERFORMANCES ET RÉSIDENCES CHOISIES

  • Kaaitheater, Bruxelles, Belgique
  • Forum Freies Theatre, Düsseldorf, Allemagne
  • BIT Teatergarasjen, Bergen, Norvège
  • Post Mainstream Arts Festival, Tokyo, Japon
  • Le Manège, Maubeuge, France
  • Projekttheater Dresden, Dresde, Allemagne
  • Maison des arts, Créteil, France
  • Divadlo Archa, Prague, République Tchèque
  • Chapter Arts Centre, Cardiff, Pays de Galles

ANECDOTES

1) TextConText
Quoi : Commande de texte / atelier
Qui : BIT Teatergarasjen, Sven Åge Birkeland, directeur artistique
Où : Bergen, Norvège
Quand : Douze jours en septembre 1997. Environ neuf mois se sont déroulés entre le premier contact avec l’organisme, et la performance.

En 1996, ma pièce a été présentée lors d’un festival montréalais dirigé par Sylvie Lachance et Richard Ducharme. La même année, le festival a organisé un échange avec BIT Teatergarasjen. Deux artistes norvégiens venaient présenter à Montréal une œuvre en cours de création dans laquelle ils intégraient deux interprètes locaux, puis les deux Québécois allaient à Bergen à leur tour. Une rencontre entre Sven Åge Birkeland, Knut Ove Arntzen et les artistes de Québec avait été organisée dans la Capitale, mais l’un des artistes locaux ne s’est pas présenté. Sven et Knut étaient furieux et voulaient annuler sur-le-champ la performance à Bergen. Sylvie leur a rapidement proposé un autre auteur qui cadrait bien avec le projet : moi. Je devais écrire un texte qui pouvait ensuite être utilisé par divers collectifs et metteurs en scène, et ce, de manières complètement différentes à chaque fois. Mon texte est finalement devenu le livre Unrehearsed Beauty (publié par Coach House Books en 1999).

Je suis allé à Bergen et j’ai travaillé avec trois jeunes comédiens du Bergen State Theatre. La subvention de l’échange initial a couvert nos frais de déplacement, et BIT a déboursé le reste. Plusieurs choses se sont déroulées lors de notre travail, qui a été très bien reçu, mais un événement ressort du lot. La veille de la présentation, un acteur a quitté le projet. J’étais la seule solution : je devais le remplacer le soir de la représentation. J’ai lu le texte en anglais, et les deux autres comédiens l’ont récité en norvégien. Ce fut l’aspect artistique le plus intéressant de la soirée. Cette anecdote n’est qu’un exemple des nombreuses situations professionnelles qui ont transformé un incident imprévu en un élément beaucoup plus intéressant que ce qui était prévu à l’origine. L’amalgame d’anglais et de norvégien a été une source d’inspiration pour En français comme en anglais, it’s easy to criticize. Le succès de la présentation à Bergen a été le point de départ de ma collaboration avec Sylvie en tant que codirecteur artistique de PME-ART. C’est également dans cette ville que j’ai rencontré bon nombre de diffuseurs avec qui j’ai travaillé dans les années suivantes.

2) Sophiensaele et Forum Freies Theatre
Quoi : Commande d’œuvre et présentation dans le cadre de la saison régulière
Qui : Thomas Frank, ancien assistant à la direction artistique et dramaturge (Sophiensaele), Kathrin Tiedemann, directrice artistique (Forum Freies Theatre)
Où : Berlin et Düsseldorf, Allemagne
Quand : avril à juin 2007

En 2001, Gordana Vnuk, le directeur artistique de Kampnagel à Hambourg, m’a demandé d’écrire une nouvelle pièce. J’ai fini par proposer une adaptation du roman allemand la Mort à Rome de Wolfgang Koeppen. En 2003, je suis allé à Kampnagel pour une résidence de trois mois en vue d’adapter le texte et de trouver des comédiens. Kampnagel bénéficiait alors d’une subvention pour couvrir mes déplacements. J’ai surtout collaboré avec leur nouvelle dramaturge, Kathrin Tiedemann. La résidence s’est extrêmement bien déroulée; tout le monde a apprécié mon adaptation, et j’ai rencontré trois ou quatre comédiens avec qui je voulais travailler. Je suis revenu au Canada en envisageant de monter la pièce à Hambourg l’année suivante. Cependant, Kampnagel n’a pas reçu le financement escompté pour le projet.

J’ai cru pendant longtemps que ce projet était tombé à l’eau. Puis, en 2005, j’étais au Theater der Welt à Stuttgart lorsque j’ai croisé Thomas Frank. Je le connaissais déjà, car nous avions joué ensemble dans Recent Experiences à Mousontrum à Frankfort. Thomas m’a annoncé qu’il venait tout juste de décrocher le poste de directeur artistique à Sophiensaele à Berlin. J’avais littéralement l’adaptation de la Mort à Rome entre mes mains, et je lui ai remis. Quelques jours plus tard, il m’a envoyé un courriel dans lequel il manifestait son intérêt. À ce moment-là, Kathrin était devenue la directrice artistique de Forum Freies Theatre à Düsseldorf, et elle a accepté de coproduire la pièce. Sopheinsaele et Forum Freies Theatre ont tous deux déposé des demandes de subvention en 2006 et, en 2007, je suis allé à Berlin pour faire la mise en scène. Tout s’est extrêmement bien déroulé par la suite. Trois des comédiens que j’avais rencontrés à Hambourg sont venus à Berlin pour faire partie de la distribution, et Andreas Oldoerp a fait la scénographie. Pour moi, la Mort à Rome est un projet entamé en 2002 qui n’a pas eu lieu avant 2007; une sorte de leçon pure persévérance.

3) CAMPO
Quoi : Création suivie d’une tournée
Qui : Dirk Pauwels, ancien directeur, et Kristof Blom, directeur actuel
Où : Gand, Belgique
Quand : Par intermittence sur une période de trois ans de 2008 à 2010. Moins d’une année s’est écoulée entre le premier contact avec l’organisme et la performance.

En 2004, Geert Opsomer m’a demandé de proposer un projet pour le Niewpoorttheater à Gand. J’ai rencontré Geert pour la première fois à TextConText à Bergen et, en 2001, il a diffusé PME-ART à Gand.
J’ai proposé une pièce intitulée An Anthology of Optimism. À l’époque, il s’agissait essentiellement d’un titre. (Tous mes projets ont des titres comme point de départ. Je trouvais mes œuvres trop pessimistes à ce moment-là, et je cherchais à m’éloigner de ce style.) Geert n’a pas fait grand-chose pour réaliser le projet, mais pendant quelques mois, il a mentionné à ses pairs qu’il travaillait avec moi sur une pièce intitulée An Anthology of Optimism. Le dramaturge et metteur en scène Pieter de Buysser était l’un de ses pairs ayant eu vent du projet. Pieter était extrêmement enthousiaste à propos de ma pièce, et il m’a écrit de longs courriels pour manifester son intérêt. En 2006, il a confirmé vouloir travailler avec moi sur le projet. Puisque Pieter est l’être le plus optimiste que je connaisse, cela me semblait logique. Il a demandé une petite subvention et, en 2007, je suis allé chez lui à Bruxelles pour déterminer les paramètres de base du projet.

Pendant mon séjour, Pieter a croisé Dirk Pauwels dans la rue. Dirk était le directeur artistique de Victoria, une compagnie qui venait tout juste de fusionner avec le Niewpoorttheater pour former un nouvel organisme : CAMPO. Dirk s’est montré intéressé et, quelques jours plus tard, nous sommes allés à Gand pour présenter notre projet. À notre arrivée, Dirk a affirmé vouloir produire le projet. C’était la rencontre la plus courte à laquelle j’ai participé. De toute évidence, Geert avait fait des efforts pour réaliser le projet. Un an plus tard, je suis allé à Gand pour commencer les répétitions, et le projet a été présenté en première à Linz en Autriche en février 2009. La pièce a sillonné 32 villes, et j’entreprendrai un nouveau projet avec CAMPO l’an prochain.

Note : Ce récit a été écrit en 2012.