RE-TOURS: Mélanie Demers

Diplômée en 1996 de LADMMI, l’école de danse contemporaine, Mélanie Demers rejoint les rangs de la compagnie O Vertigo en 1998 avec laquelle elle œuvre pendant près de 10 ans. En parallèle à son activité d’interprète, elle mène une carrière de chorégraphe amorcée dès sa sortie de l’école. Fondée en 2011, la compagnie de danse Mayday se veut une plateforme d’échanges et de réflexion. C’est dans cette perspective qu’elle crée Les Angles morts (2006), Sauver sa peau (2008), Junkyard/Paradis (2010) et Goodbye (2012). Mayday multiplie les collaborations internationales et peut se targuer d’être l’une des rares compagnies canadiennes à s’être déjà produite en Amérique, en Europe, en Asie ainsi qu’en Afrique. www.maydaydanse.ca

EXPÉRIENCES DE TOURNÉES (EN BREF)

  • Mes premières expériences de tournées ont été marquées par un désir profond du voyage et de la découverte et pour cette raison, j’ai accepté de me prêter au jeu sans parfois vraiment comprendre tous les enjeux ! Au fur et à mesure que les exigences augmentent, les occasions de tourner diminuent. Ainsi : les saisons 2007-08-09, Mayday a passé en moyenne peut-être quatre mois par année sur la route ; les saisons 2010-11-12, Mayday a passé environ deux mois par année à l’étranger.
  • Ironiquement, c’est à partir du moment où j’ai commencé à travailler avec un agent que les opportunités de tourner ont diminué. Peut-être parce qu’un booker recherche les opportunités plus prestigieuses ou plus significatives dans la carrière d’un artiste. Ceci dit, l’ajout d’une personne expérimentée connaissant les réseaux et les marchés peut vraiment faciliter à orienter l’artiste vers le public qu’il cherche.
  • Les premières opportunités de travail à l’étranger se sont concrétisées d’abord en répondant à des appels de projet pour des résidences puis, de fil en aiguille, par l’invitation de diffuseurs qui voyaient mon travail se développer dans le cadre de ces programmes de résidences. Ensuite, Tangente a été un des acteurs clé dans mon parcours en m’invitant à participer au festival Danse à Lille en mars 2008 qui m’a permis de rencontrer plusieurs diffuseurs européens intéressés à développer la scène émergente.

PERFORMANCES ET RÉSIDENCES CHOISIES

  • Tanzmesse, Dusseldorf, Allemagne
  • Festival Danse Canada, Ottawa, Canada
  • OperaEstate Veneto (résidence), Bassano, Italie
  • Les Repérages (résidence), Ipswich, Royaume-Uni
  • La Rotonde, Québec, Canada
  • Théâtre Centennial, Lennoxville, Canada
  • OperaEstate Veneto (résidence), Bassano, Italie
  • Prismatic Festival, Halifax, Canada
  • Festival Body/Mind, Varsovie, Pologne
  • CCNC / BN (résidence), Caen, France
  • Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, France
  • Charleroi/Danses, Charleroi, Belgique
  • Teatroi, Milan, Italie

LES ANECDOTES

1) Les Repérages
Quoi : performance pendant le festival
Qui : Danse à Lille, Centre de Développement Chorégraphique (Catherine Dunoyer de Segonzac, ancienne directrice)
Où : Lille, France
Quand : Une semaine en mars 2008. Il s’est écoulé environ 9 à 10 mois entre le moment où Tangente m’a appris que j’étais sélectionné et le festival.

Les Repérages est un réseau de diffuseurs principalement européens qui amènent chaque année à Lille un artiste lors de l’édition du festival et s’engagent en retour à programmer un ou plusieurs artistes qui ont fait partie de la sélection. Tangente fait partie du réseau et participe activement à sa dynamisation. Il s’agit d’une programmation très bigarrée en danse contemporaine sans réel axe sinon celui de présenter un panorama des nouvelles propositions artistiques d’environ une quinzaine de pays. Tangente a joué un rôle déterminant en flairant le potentiel d’une pièce et en la propulsant sous le regard de certains programmateurs susceptibles d’être intéressés par le travail. La présence de Dena Davida lors du festival facilite aussi les rencontres. Il faut toutefois déposer une demande de financement au CALQ pour financer le voyage et les dépenses reliées. Plusieurs des tournées de 2009 et 2010 ont découlé de mon passage à Lille (Turin, Milan, Ipswich, Charleroi, etc…)

2) Centre National de la Danse
Quoi : Résidence et performance dans la saison régulière
Qui : Sylvie Dhuyvetter, directrice adjointe
Où : Paris, France
Quand : Trois semaines en janvier 2009. Il y avait près d’un an entre le contact initial et la performance.

Le projet pour lequel j’ai été invitée est une co-création avec Laïla Diallo, une chorégraphe québécoise basée en Angleterre. Presque tous les contacts pour ce projet résultent de cette collaboration et de ses relations avec les diffuseurs et producteurs européens. Les collaborations de la sorte facilitent de beaucoup l’entrée dans un réseau et les échanges d’opportunités de chaque côté de l’Atlantique.

Le CND est une institution en France et le privilège d’y faire une résidence de deux semaines intra-muros avant de performer le spectacle nous a donné la chance de côtoyer des artistes et d’en apprendre plus sur le fonctionnement du milieu à Paris et en France et des conditions maximales de travail pour des artistes tant en début, en milieu et au zénith de leurs carrières. Le Centre National de la Danse est une structure éminemment efficace et tous les services que les artistes peuvent avoir besoin sont à disposition. Il existe des appartements pour les artistes reçus en résidence, des espaces de bureaux, des studios complètement équipés et des ressources médicales. Le CND nous a offert un cachet très correct et une coproduction.

Rien de concret ne s’est présenté à la suite de notre passage au CND en nouvelles opportunités, mais la relation avec les gens du CND est toujours là. Dorénavant, ils suivent mon travail et une porte est toujours ouverte avec l’organisme hôte.

3) B-Motion
Quoi : Deux fois en festival et deux fois en résidence
Qui : Roberto Casarotto
Où : Bassano, Italie
Quand : Plusieurs séjours depuis 2008

Le premier contact avec Roberto s’est fait lors de mon passage au festival Spring Loaded à Londres en avril 2008. Il a vu la pièce Sauver sa Peau et a depuis apporté son soutien à toutes les productions de la compagnie, soit en présentant le travail ou en offrant des résidences pour développer les projets en cours. C’est une collaboration, une complicité et une amitié qui s’est développée au cours des années. C’est probablement la collaboration la plus significative que j’ai pu développer avec un diffuseur et je sens le respect mutuel et l’envie de poursuivre la relation sur le long terme.

Roberto Casarotto diffuse des artistes plus que des œuvres. Il s’intéresse au développement d’une carrière et au support dont les artistes ont besoin pour grandir et mûrir. Sa programmation reflète cette philosophie. Il est attaché à la scène émergente principalement européenne et à son rayonnement. La programmation de B-Motion est très ‘up and coming’, mais aussi très diversifiée au niveau des préoccupations esthétiques et politiques. Avec peu de moyen, Roberto Casarotto réussit à soutenir une scène contemporaine en ébullition en Italie, en Europe et dans le reste du monde aussi.

Afin de participer au festival, Mayday a toujours reçu le soutien du CALQ dans le cadre du programme de diffusion hors-Québec. Pour les résidences, l’organisme-hôte organise toujours des ateliers avec la communauté locale afin d’amasser des fonds pour nous permettre de couvrir une partie des dépenses encourues par le voyage.

Chaque nouveau séjour à Bassano concourt à solidifier une relation de travail qui permet aussi d’approfondir une relation d’amitié. À force de partager du temps, il devient de plus en plus facile d’obtenir un regard honnête et généreux sur le travail de la compagnie et des conseils précieux aussi sur la façon d’envisager la suite des choses.

Note : Ce récit a été écrit en 2012.